Après leur rude affrontement contre les loups funestes, les compagnons — Grelot, Délès, Minerva, Mork et Topo/Tharkon — s’enfoncent dans une forêt aux allures primordiales, dense et presque impénétrable. Protégée de toute influence extérieure, cette sylve paraît vivante, consciente, et elle appelle. En tête, Mork perçoit une inclinaison imperceptible du terrain, une sorte de sillage invisible qui guide ses pas. Autour de lui, Minerva et Grelot captent une résonance d’un autre ordre : une magie ancienne, profonde, attirante. Quelque chose veille dans ce bois.
Soudain, des êtres de bois et de racines, se détachant des troncs, les encerclent. Topo, par réflexe ou par bravade, projette une boule de feu au cœur des créatures. Le feu se propage, ravageant les premières vagues ennemies — mais d’autres arrivent, attirées par les cris des premières. La forêt devient champ de bataille. Mork et Délès fendent l’écorce ennemie à la hache et à l’épée, tandis que Topo enflamme l’espace autour de lui. Minerva, devenue invisible dans le plan astral, sent néanmoins des milliers d’yeux invisibles la sonder. Elle comprend que même là, elle est perçue.
Une créature titanesque, maîtresse de la forêt, surgit : un esprit sylvestre ancestral, couronné de scarabées et de scolopendres, elle interpelle les compagnons avec rage, sourde à leurs mots et exprime une colère intense. Son assaut est dévastateur et ses mots durs. Les compagnons ploient, mais résistent. Topo finit par la figer en cendres d’une ultime explosion tandis que Grelot se presse vers un large chaudron que deux silhouettes semblent remuer continuellement, il doit s’y reprendre à deux fois pour parvenir à isoler le mystérieux réceptacle des créatures et pouvoir s’y plonger…
À la place de la créature de bois, surgit une reine d’ombres, sinistre et ailée comme un papillon funèbre. Sa magie puissante assaille les héros. Topo tombe, sauvé in extremis. Leur ennemie anime alors plusieurs squelettes aux traits orcs, que les compagnons repoussent avec peine. Grelot, plongé dans le chaudron après une intense hésitation, en extirpe avec étonnement un étrange globe, similaire aux oeufs sombres découverts à Ptolus.
Lorsque la sinistre sorcière est enfin vaincue, elle cède la place à une dernière silhouette féminine, fine et voilée, tenant une large épée enflammée. Une douleur, un deuil profond, émane d’elle. Son combat s’interrompt quand Mork et les siens entament un dialogue fragile. Elle avoue lutter pour la forêt, contre l’ombre, qu’elle prétend contenir, un combat qu’elle mène depuis des éons, seule. D’abord farouche et un brin méfiante devant les Gardiens de l’Éternelle Aurore et leurs prétentions, elle s’apaise néanmoins, sans se montrer beaucoup plus avenante pour autant.
C’est alors que Minerva, attirée par le chaudron mystérieux au centre de la clairière, s’y plonge, comme Grelot avant elle. Elle y est aspirée dans un puits sans fond. Là, elle rencontre une créature qui lui ressemble beaucoup tout en étant différente, saturée de magie singulière. À peine le contact établi, la créature prononce un simple « enfin… » se dissipe en poussières légères, laissant Minerva bouleversée et projetée hors du puits. Pendant ce temps, Grelot poursuit la discussion, en quête de son propre passé… l’habile parleur se voit confier une lourde charge : trouver le mot qui pourrait tuer leur ennemi.
À l’issue de cet échange, la Reine accorde deux dons : un scolopendre qui vient s’accrocher au poignet de Mork, formant un bracelet ouvrant un accès vers la Cour de la Lumière et un cadeau mystique laissé à Minerva, pour soutenir leur lutte contre l’ombre. Alors que le calme s’installe, des tambours orcs tonnent. Une brume épaisse monte. Et soudain, les compagnons se retrouvent au cœur du Thenn, entourés de toutes les tribus orques en transe, chantant et frappant les tambours dans une ferveur intense. De la brume émerge alors un immense homme-loup bardé d’armes, une patte posée sur l’épaule de Mork, comme une reconnaissance des anciens.
