Mork revient enfin, au cœur du Thenn, et il ne revient pas seul : à ses côtés se dresse une silhouette massive, un homme-loup au regard ancien. Son apparition soulève des murmures, des regards inquiets, mais très vite, le doute se dissipe : Mork a survécu aux épreuves du Cœur de la Forêt. Il en revient transformé, marqué, grandi. Son retour agit comme une flamme dans la nuit : les tribus orques s’alignent derrière lui. Le conseil des membres du Thenn l’écoute, l’observe… et l’adoube. Il devient le Kisane-e, « le rassembleur », celui que les légendes attendaient. L’attitude doucereuse de la Mante Écarlate laisse planer un temps une inquiétude, mais Mork (en dépit de la méfiance de l’homme-loup) se montre magnanime en lui offrant le pardon en échange de son allégeance. La liesse s’empare alors du camp : les compagnons se retrouvent dans une ambiance bien plus légère portée par le soulagement collectif né de la fraternité retrouvée entre les tribus, les chants résonnent, et l’unité longtemps brisée renaît sous la lune rougeoyante.
Mais les tambours de fête ne couvrent pas l’appel plus vaste du destin. Les Gardiens de l’Éternelle Aurore se tournent vers une nouvelle étape : chercher l’aide du Sildanyr, le royaume secret des elfes, au cœur de la forêt profonde. Grâce à la racine offerte par la Reine Corbeau, les voilà transportés par magie au coeur des arbres : la lumière change, l’air devient plus doux, les feuillages bruissent d’une paix ancienne. Une colline herbeuse les accueille, et très vite, un gardien elfe au regard paisible les conduit à travers un sentier visible de lui seul. Ils atteignent alors une cité elfique dissimulée dans les branches, fusionnée, enveloppée dans la forêt elle-même, comme un secret protégé par les arbres.
Au creux d’une roche, dans une étonnante clairière éclatante de fleurs et de douce lumière, ils rencontrent la Dame des Fleurs, Immortelle de la nature. Elle leur parle sans mot, avec le souffle du vent et le parfum des pétales. Elle s’adresse à Grelot, le barde bicolore, et d’un geste doux, elle dénoue la malédiction qui pesait sur lui depuis tant d’années. Car oui, il a accompli un miracle : il a rassemblé les orques, renoué des lignées oubliées. Et à travers elle, une vérité enfouie éclate : Grelot est le fils de Nassiral Hate, ancien chef orque, consumé par la douleur et la rage. Une lignée noble et lourde de sens.
Mais Grelot ne se laisse pas enfermer dans le destin d’un autre. Il choisit la route, la chanson, la liberté. Il reste Grelot, barde des extrêmes, éclatant de noir et de blanc. Le cœur allégé, il se tient prêt pour la suite.
Enfin, les compagnons s’entretiennent avec le souverain du Sildanyr. La discussion s’engage, entre respect et informations partagées. Bientôt, l’heure viendra peut-être de faire face à l’Ombre… et les alliances devront être solides comme le tronc d’un chêne ancien.
