Le tour de Chult en 80 jours (Jours 21-29)

La jungle est un endroit hostile, chaque jour qui passe nous le prouve davantage. Après une pause au pied de la pyramide d’Orolunga, nous décidons de prendre le chemin des bassins d’Aldani et du mystérieux coeur d’Ubtao dont nous avons aperçu l’imposante silhouette au-dessus de la canopée lors de notre passage à M’Bala. Les premiers pas voient aussi les langues se délier et une frâiche et franche conversation sur les motivations des uns et des autres se noue… prolongée par un débat sur la nécessité de mettre fin à la vie du bébé qui a étonné (pour ne pas dire plus) Urkin et Aenar. Peut-être à cause de ce débat ou tout simplement à cause de la fatigue intense que génère le cheminement dans une dense et moite jungle, les repos se font moins réparateurs.

Les singuliers habitants de la forêt de Chult, invariablement hostiles…

Au matin le réveil est brutal et sanglant : une horde de petits dinosaures extrêmement agressifs nous assaillent alors que les guerriers ne sont pas encore prêts et que la fatigue ne s’est pas encore dissipée. Après quelques moments de flottements – et de blessures sévères -, la résistance s’organise et les créatures sont vaincues les unes après les autres. La jungle dense promet une nouvelle journée de voyage pendant laquelle, sous la conduite d’Eku nous continuons à presser le pas pour perdre le moins de temps possible avant que Sindra (et d’autres) ne succombent à la malédiction.

La présence des falaises et des plateaux de M’Bala ne rendent pas la jungle moins dense

Mais le soir-même, alors que tout le monde glisse doucement dans un sommeil bienvenu, il nous faut faire à une nouvelle attaque. Cette fois, c’étranges animaux entre l’ours et le singe, arboricole et dotés de puissantes griffes nous tombent dessus depuis les frondaisons. Là-aussi le désordre commence par régner, surtout lorsque les combattants réalisent que les puissantes griffes des étranges mammifères sont à même d’abîmer durablement leurs armures…

Singe et ours à la fois, les zorbos s’ingénient à bousiller les armures… et les os qui sont derrière.

S’ensuivent deux jours de voyage éreintant entre lianes, moustiques, touffeur incessante de l’air et bruissements inquiétants de la forêt. Dans les pas d’Eku nous descendons direction sud-est entre les plateaux de M’Bala direction les bassins d’Aldani que nous rejoignons dans la soirée du lendemain. L’odeur de l’eau stagnante entre pourriture lente et humidité omniprésente se fait prégnante. Tout n’est que marécages, fondrières et trous d’eau dans lesquels toute progression serait ralentie. Heureusement, Urkin prend contact avec un des imposants habitants locaux, lequel accepte de remorquer les embarcations de fortune que nous prenons le temps de fabriquer avant de repartir le lendemain.

Paysages magnifiques et faune bigarrée : bienvenue à Chult (Aenar regrette décidément cette course de dinosaures à Port Nyanzaru)

Ainsi tractés, notre progression dans les bassins se fait nettement plus rapide et aisée et le spectacle qui s’offre à nous fait presque oublier la rigueur des conditions de notre voyage : les bassins sont un point d’eau prisé par les dinosaures et chaque journée voit l’incessant ballet d’imposants pachydermes comme d’espèces bien plus petites tous venus se désaltérer dans l’eau des bassins. Au rythme de notre bête de trait improvisée, la progression se fait régulière et au bout de cinq jours de ce périple décidément original, nous arrivons en fin à l’aplomb du coeur d’Ubtao.

L’avaleur des bassins : une grenouille-calmar aussi mortelle qu’affreuse.

La structure se révèle aussi unique qu’imposante : la roche flotte à quelques dizaines de mètres au-dessus du sol et dévoile sa forme unique ressemblant en effet étrangement à un coeur humain… Hélas, à peine commençons-nous à détailler ce prodige que notre embarcation est soudain secouée par une puissante vague. Le temps de comprendre ce qu’il vient de se passer, nous voyons émerger des eaux une grotesque forme tenant du crapaud gigantesque bardé de puissants et immenses tentacules. La moitié de l’équipe est à l’eau et Urkin a disparu en un éclair, saisi et gobé en un clin d’oeil par le monstre. Tandis qu’Arvan se redresse pour le combattre, Amalruil lui saute sur le dos et Puck sort Darius des flots. Dans le ventre de la bête, Urkin se débat pour échapper autant à la constriction qu’à une lente digestion. Arvan, malgré sa résistance se fait bientôt avaler lui aussi tandis qu’Amlarul glisse dans les flots. La magie de Darius et Aenar ne suffit pas à tenir le monstre à distance. Surgissant subrepticement des flots, Gallibert, guidé par les lumières féériques, frappe alors la créature d’une attaque vicieuse et mortel. Aux eaux obscures se mêle bientôt le sang du monstre vaincu. Urkin et Arvan s’extirpe du corps distendu et tout le monde fait une pause réparatrice sous l’ombre mystérieuse et menaçante du coeur d’Ubtao…

Le Coeur d’Ubtao

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