Un brin reposés et davantage accoutumés au voyage sous les frondaisons de l’épaisse jungle chultienne, le groupe repart le lendemain en direction de Nangalore, non sans avoir récupéré Gallibert au pied des falaises de Kir-Sabal. Pour rejoindre l’endroit où se cache l’orchidée noire, le chemin le plus rapide passe par la rivière. Comme aux premiers jours de notre périple, c’est donc à bord de canots de fortune que nous remontons la rivière Olung. Sans plus de difficultés que les omniprésents moustiques et l’écrasante moiteur, sous la conduite d’une Eku bien silencieuse, nous atteignons la zone de Nangalore au bout de quelques jours.

L’endroit semble être relativement bien conservé mais envahi d’une végétation dense et quelque peu différente de celle de la jungle qui l’entoure. D’anciens bâtiments, dont un vaste dôme, se dévoilent entre les lianes, les arbres et les fleurs exotiques au centre desquels un bassin continue de laisser couler un peu d’eau. D’étranges toiles d’araignées semblent se dresser à intervalles réguliers et chacun commence à explorer les environs sans cesse pressé par un Gallibert qui semble ne se soucier que de pénétrer dans les bâtiments sans faire montre de beaucoup de prudence.

Accompagné de Darius, Aenar prend le temps de déchiffrer les anciennes écritures chultiennes dont les ruines semblent parsemées. L’ancienne reine d’Omu, Zalkore, semble avoir subi une malédiction lié à son ancien amour Thiryu Kaya qu’elle aurait maudit à tort. Les messages sont partiels et les suppositions vont bon train alors que nous approchons du dôme en subissant les assauts sournois et imprévisibles des étranges gardiens du lieu, les insaisissables eblis. Le dôme, partiellement en ruine, recèle un bassin et une statue de grande taille… ainsi qu’une autre plus petite et très réaliste. Dans la végétation, des kamadans rôdent. D’autres statues sont découvertes à mesure que le groupe progresse vers le fond du jardin et un bâtiment qui semble encore à peu près intact, jouxtant un bassin reliant le dôme et un autre bâtiment similaire.

Le groupe, derrière un Gallibert, toujours pressé finit par pénétrer dans le bâtiment aux larges portes lequel recèle une vaste chambre au centre de laquelle trône un long divan qu’occupe une femme entièrement voilée. A ses pieds, dans un vase, une orchidée noire repose. Une discussion compliquée démarre, l’étrange femme semble affectée par sa solitude, elle prétend être Zalkore. Peut-être le souvenir de son erreur la hante-t-il… Autoritaire et vindicative elle n’a pas perdu l’arrogance qui semble être un trait commun à la famille royale d’Omu. Alors que nos échanges commencent à lever le voile sur la possibilité d’un échange tendu mais pacifique, Gallibert en décide autrement.

Prenant tout le monde de court, l’halfelin saisit vivement sa dague et tente de la planter ans le dos de Zalkore. Estomaqué, le groupe tarde à réagir. La magie d’Aenar lui fait mystérieusement défaut alors qu’il tente de voler l’orchidée et bientôt commence la danse des lames. Zalkore fait apparaître un guerrier fantomatique et Arvan et Hamlaruil entrent dans la danse, alors qu’Aenar finit par subtiliser l’orchidée. Plus résistante que prévue, la créature qui est Zalkore se révèle dangereuse et, petit à petit, tout le monde prend la poudre d’escampette alors que les bassins commencent à se remplir et la jungle à bruisser de dangers. Alors que Gallibert et Darius s’enfuient par le surplomb qui entoure le bassin suivis avec un peu de retard par Arvan, Hamlaruil peine à trouver le meilleur moyen de fuir et finit par invoquer une monture spectrale qui n’est pas moins ennuyée pour circuler dans la végétation très dense. Aenar, suivi de Puck, prend son envol avec l’orchidée noire.

La vindicte et la colère de Zalkore poursuivent cependant le groupe et tant ses sorts que les coups de son allié insaisissable mettent toute l’équipe à mal et la fébrilité gagne les fuyards. Loin au-dessus du dôme Aenar dont la magie ne fonctionne toujours pas bien, fait demi-tour non sans confier l’orchidée à Puck. Presque coincés au coeur du bassin dont le remplissage se fait de plus en plus intense, Arvan, Gallibert, Darius et Hamlaruil sont en mauvaise posture. Il est difficile de s’en prendre à Zalkore qui se révèle être une méduse, peu à peu les forces de chacun faiblissent. Toujours loin et pour détourner son attention, Aenar frappe la statue humaine trônant dans le dôme qui semble être celle de son amant. La colère de Zalkore grandit encore et les options du groupe se rétrécissent à mesure que le ciel vomit des rochers en fusion. Surgissant de nulle part l’allié fantôme de Zalkore frappe le dos du mage qui chute dans la jungle, frappé à mort. Au même instant, Arvan épuisé mais luttant de toutes ses forces pour repousser Zalkore ne peut s’empêcher de croiser le terrible regard de la créature… et finit pétrifié.

Ereinté, Gallibert et Darius s’apprêtent à subir le même sort quand Hamlaruil tente d’engager la conversation avec Zalkore pour la calmer. Le demi-elfe, aux côtés de ses deux camarades hagards, cherche à négocier avec l’ancienne souveraine d’Omu. La jungle a pris deux vies, mais Puck, avant de disparaître avec la fin de son maître, a pu conduire l’Orchidée Noire à Eku et Inete restées à l’entrée du jardin de Nangalore. Tout espoir n’est pas perdu. Et les deux compagnons tombés n’ont peut-être pas disparus à jamais.